La pleine lune me fait souvent cet effet-là. Elle m’insuffle une énergie particulière, que je pourrais qualifier de « variable », selon mon état d’esprit du moment. Celle d’aujourd’hui 14 décembre ne fait pas exception… et je dirais que, couplée avec l’approche de Noël, elle me brasse une petite coche de plus.

Je ne résiste habituellement pas à ce « brassage » lunaire, puisqu’il m’apporte la plupart du temps de profondes réflexions. En effet, la pleine lune a fait souvent remonter des émotions que j’aurais préféré laisser là où elles étaient parties se reposer.  Mais je les laisse revenir me visiter, je les accueille le temps d’une soirée…

De façon générale, je vis très bien avec ma situation de solo, et je reviens de moins en moins souvent dans le passé. Mais ça ne marche pas toujours.

Le déclencheur de nostalgie

Je me donne donc la permission de me déposer en cette approche des fêtes, et d’accueillir les émotions qui se présentent. Je pensais avoir évité la nostalgie qui vient avec ce temps de l’année… mais ce soir je suis rattrapée.

La visite en coup de vent de mes deux grands garçons ensemble cet après-midi a été le déclencheur de cette nostalgie.  Comme je l’ai déjà mentionné dans un précédent texte, ils sont adultes, mon aîné habite en région, et mon plus jeune quittera officiellement le nid familial sous peu (« nid familial » se traduit ici par des courts séjours chez moi, intercalés de nuits chez son père et d’autres chez des amis…bref, il est absent de mon quotidien depuis un bon moment déjà, donc la coupure est moins dure…).

Les événements qui ont secoué ma famille ne m’ont pas laissée le choix de développer une forte résilience. Apparemment, la vie distribue sur notre route les épreuves que nous serons aptes à surmonter… et j’y crois, effectivement. Mais il n’en reste pas moins que j’aurais préféré une tournure différente des événements, dans cette vie-ci, du moins.

Mais quand je vois quels merveilleux hommes sont devenus mes fils malgré ce parcours familial douloureux, mon cœur a de la difficulté à contenir tout mon amour et ma gratitude.


Des souvenirs de moins en moins douloureux

J’aimerais pouvoir revenir dans le temps et prendre dans mes bras la femme que j’étais il y a vingt ans.

J’aimerais sécher ses larmes, le soir où elle a hurlé de peine et de colère, assise seule à la table dans la salle à manger d’une maison qui devait servir à élever sa famille.

J’aimerais la rassurer que tout se passerait bien, ce vendredi après-midi où elle a vu pour la première fois la nouvelle conjointe du père de ses enfants quitter la garderie avec ceux-ci pour la semaine, pendant qu’elle rentrait seule chez elle…

J’aimerais l’aider à s’apaiser pendant ces longues heures d’insomnie à se demander comment gérer la crise, les menaces et la peur…. Lui dire que l’horreur aurait une fin et qu’il fallait tenir bon et se faire confiance.

J’aimerais lui conseiller de garder espoir quand elle avait envie de TOUT abandonner.

J’aimerais lui dire que le temps amenuise la douleur… mais elle m’aurait envoyé au diable en me disant que c’était la dernière chose qu’elle voulait entendre.


Le temps…

Oui, le temps amenuise la douleur, mais le temps ne revient pas.  Je ne récupérerai jamais les heures, les jours et les années précieuses perdues dans la peur et l’inquiétude, à me battre et me défendre…ces années de la jeune vie de mes garçons qui m’ont été dérobées et qui ne pourront jamais m’être redonnées.

On m’a souvent dit « il faut profiter de ce que tu as, et non pas pleurer sur ce que tu n’as pas ». Je vous confirme que ça ne marchait pas pour moi.

Mais tantôt, en emballant les cadeaux de Noël, je me disais que maintenant, ça marche. La Pascale d’il y a vingt ans a fait son chemin à travers d’intenses tempêtes, mais elle en est sortie…et elle serait bien fière de voir la femme heureuse qu’elle est devenue.

À 60 ans, j'ai quelques fois le vertige en pensant à la vie que mes fils ont eu chez leur père et dont je ne sais rien. Je refuse l'Idée qu'une partie de leur vie m'est étrangère...je ne rattraperai jamais ces années perdues… mais je sais maintenant à quel point ces difficultés m’ont transformée. Rien n’est parfait, mais maintenant « je profite de ce que j’ai ».

À toutes celles d’entre vous qui traversent des tempêtes… prenez vous dans vos bras et rassurez-vous… les jours meilleurs arriveront. Je vous aime. ❤️

 

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