On dit souvent que le but de l’être humain sur la terre est d’aimer.
J’ai eu de la peine, j’ai ri aux larmes. J’ai souffert, j’ai grandi. J’ai été abandonnée et trahie, j’ai appris. Beaucoup appris. J’ai aimé, mais j’ai manqué d’amour. J’ai été blessée, je me suis élevée spirituellement. J’ai vécu seule, souvent, longtemps.
J’ai presque toujours été convaincue que je ne serais jamais complète sans un homme à mes côtés, que ce bonheur tant recherché était obligatoirement à deux, et que d’être seule faisait de moi quelqu’un de misérable. J’ai perdu un temps précieux, enfermée dans cette certitude un peu malsaine, disons-le.
Cela faisait partie du chemin.
Mon parcours amoureux n’a rien de reluisant. L’amour y est passé, mais peu et pas longtemps. Certaines relations m’ont écorchée presque vive. Quand mes enfants sont arrivés, j’étais bien sûre convaincue, comme toutes les mamans, que c’était ça le vrai amour… je n’avais jamais cru pouvoir aimer autant! Puis les enfants ont grandi, de belle façon malgré un climat familial difficile.
De nouveau disponible, ma vie amoureuse ne s’est pas améliorée. Les sites de rencontre m’ont affaiblie… J’ai fréquenté des hommes qui promettaient et qui ne restaient pas, qui ne voulaient pas s’engager, qui ne tenaient pas à moi ou qui disparaissaient… Faut être faite forte pour naviguer dans cet univers!
Peu gâtée dans le domaine de la confiance et l’estime personnelle, j’en étais véritablement venue à croire que je n’intéressais personne. Dans les soirées de célibataires, j’étais transparente. Dans mes rares sorties de filles dans des bars, les gars qui m’intéressaient draguaient systématiquement mes amies. J’étais celle qui « surveille les sacoches » à côté du plancher de danse. Je n’avais juste « pas le tour ».
Les années ont passé, le pattern restait le même. J’ai décidé d’apprivoiser la solitude, je m’en suis même fait une alliée. J’ai compris que c’est à moi d’honorer ma vie, d’en faire quelque chose de beau et lumineux. Sans attendre après personne.
La cinquantaine a apporté un peu de sagesse, beaucoup d’introspection et de réflexion. J’ai compris encore un peu mieux. L’amour, le vrai… ce but ultime de tout être humain, ne se trouve pas dans les autres, et encore moins dans nos relations avec les autres.
Cet amour, c’est l’amour que l’on entretient pour soi-même, celui qui nous guide vers le respect de soi à travers toutes les épreuves et qui finit par nous apparaître comme le plus important. Et le plus beau, c'est que cet amour-là n’est pas exclusif… il est le point de départ de tous les autres.
Certes, il peut prendre beaucoup de temps avant de s’installer, et pour certains il n’arrivera jamais, car ils ne feront pas le chemin pour le trouver. Mais quand on l’accueille finalement, dans notre cœur et dans nos tripes, le reste n’est que du bonus.
À 60 ans maintenant, je poursuis ma route, en solo et libre, toujours. J’ai trouvé le calme et une certaine sérénité. Bien sûr il m’arrive de me réveiller le matin avec une légère ombre sur le cœur. Je vois le temps passer, la vieillesse arriver. Pour l’instant, tout va bien, j’ai encore 40 ans dans ma tête, et j’ai le privilège de la santé. Mon corps me permet de faire les activités que j’aime.
Mais je pense aussi que l’être humain n’est pas fait pour vivre seul. La vie solo est riche quand on la nourrit bien, mais à l’aube du dernier tiers de ma vie, je me mets à souhaiter être libre à deux.