** dans ce texte, je parle à une femme, car c’est ma réalité, mais je m’adresse autant aux hommes nouvellement séparés.**
Tu viens de te séparer. C’est difficile. De toute ta vie d’adulte, tu as toujours été en couple. Tu avais la facilité de passer vite au prochain, mais cette fois-ci, ça ne marchera pas comme les autres fois.
Cette fois, il y a deux petits garçons, que tu pensais élever avec ton chum jusqu’à leur âge adulte, dans une belle grande maison, dans un bonheur parfait. Bien sûr, quand tu as mis tes enfants au monde, ce n’était pas pour les « perdre » une semaine sur deux, dans une garde partagée que tu n’as jamais, au grand jamais, souhaitée.
Mais c’est ta nouvelle réalité, tu fais maintenant face au mur. Cette fois-ci, passer au prochain n’inclut plus seulement toi. Une semaine sur deux, tu auras tes deux trésors près de toi, et tu te donneras à plein pour eux. Ton ex a déjà une nouvelle blonde, mais toi, toi tu n’as personne dans ta vie pour le moment, parce que tu crois que ce serait trop difficile pour eux de s’adapter à deux nouvelles personnes dans leur vie, surtout pas maintenant. C’est trop tôt.
Et ça te frappe de plein fouet. Tu n’as jamais vécu seule, et tu es certaine de ne pas pouvoir y arriver. Tu devras pourtant le faire la moitié de ton temps maintenant. Pire encore, tu devras te raisonner à ne pas t’inquiéter de ce qui se passe chez ton ex pendant les sept jours que tes deux amours y seront. Ça c’est un travail déjà ardu en soi, mais en principe, si ta relation avec ton ex est saine, ça devrait bien aller. Oui, je sais, c’est loin d’être le cas de la majorité…
Donc, tu seras dorénavant seule une semaine sur deux, pour une période indéterminée. Tu paniques. Tu sais que ce sera difficile de rentrer du boulot et n’avoir personne à la maison à qui raconter ta journée, personne avec qui préparer le souper. Ce souper, tu le prendras seule, la plupart du temps.
Tu recontactes des amies que tu n’as pas fréquentées souvent dans les dernières années… tu en contactes des nouvelles, tu prends une chance. Celles qui sont toujours en couple ne sont pas nécessairement disponibles.
Tu fais donc face à un défi de taille… occuper tes soirées de fins de semaine de mère solo. Wow. Jamais tu n’avais pensé devoir gérer quatre heures de solitude un vendredi soir. Mais ce soir, pour la première fois, tu n’as pas le choix. Tu ressens certainement un inconfort, tu n’oses pas mettre de la musique qui risquerait de te rendre triste. Mais tu ne danseras pas non plus toute seule dans ton salon, même après deux (ou trois) verres de blanc. 23h arrive et tu es reconnaissante de pouvoir aller te coucher… et tu seras heureuse parce que tes deux trésors arrivent demain pour la semaine.
Ça durera comme ça pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, peut-être des années. Il y aura des soirées où tu sortiras avec tes amies, et d’autres où tu pleureras.
Les premières fois en solo ne seront pas toutes faciles, mais on peut parvenir à embrasser et aimer cette magnifique liberté qui vient avec la vie solo. Et aussi, elle ne durera peut-être pas, il faut juste vivre harmonieusement avec elle, le temps qu’elle dure. La solitude n’est pas triste quand on s’en fait une alliée au lieu de la considérer comme un échec.
Et peut-être que tu t’y feras. On y arrive, crois-moi. Oui, on arrive à comprendre que vivre seule ne nous rend pas malheureuse et qu’ilest peut-être temps de cesser de mettre quelqu’un d’autre en charge de ton bonheur.
Il y a vingt ans j’ai eu peur, très peur. J’ai longtemps cru que je n’y arriverais jamais. Je me suis lancée à tête perdue dans les sites de rencontres, pendant de nombreuses années. Je dis bien « à tête perdue », car le cœur n’y était pas. J’y ai rencontré des bons gars, j’ai vécu des histoires courtes et vides de sentiments, des rejets en quantité. Un seul est bien resté assez pour que j’accepte de le présenter à mes garçons, mais sans durer comme je l’aurais voulu. J’ai fini par comprendre que je traînais avec moi certaines blessures qui m’empêchaient d’aimer les autres, car elles m’empêchaient de m’aimer, moi. J’ai pris le temps nécessaire pour les soigner.
J’ai fini par comprendre que je peux vivre seule, et plus encore, l’apprécier. Ça ne veut absolument pas dire que je ne vivrai plus jamais à deux. Mais quand je le choisirai, ça sera parce que je sentirai que je peux être aussi heureuse avec cette personne que je le suis avec moi-même.