Le chant, la danse, l’escalade, les voyages, l’horticulture… On nait avec des goûts, des intérêts propres à chacun de nous. Certains les vivront à plein, d’autres les effleureront. Pendant un temps, on espère en faire un métier, ou non.
Certaines passions suivront notre trajectoire en parallèle, sans être le centre de notre vie. Comme tous nos amis, chums de nos amies, qui jouent au hockey dans une ligue de garage une fois adulte, après avoir joué dans les ligues mineures. Ou ce voisin, qui entretient son terrain comme un jardin botanique, et cette collègue de travail qui tricote des foulards à tout le monde.
Certaines passions sont plus faciles à entretenir que d’autres, et certaines peuvent mettre en péril notre vie de couple, quand on y met trop de temps. Certaines passions s’associent à une période précise de nos vies, et finissent par être mises de côté, pour laisser la place aux priorités, celles d’une vie de famille, par exemple.
J’ai joué de la batterie quand j’étais au secondaire et début cegep. Avec des amies, on avait formé un band, on jouait du Beatles et du Rolling Stones. Je jouais à l’oreille, j’avais le beat. J’ai rencontré un gars qui jouait de la bass, et avec son ami guitariste, on s’est parti un autre band. Du Clapton, du Hendrix. Je poussais même quelques notes au micro tout en jouant. C’était cool et je trippais.
Il n’y a jamais eu de show, mais je me suis longtemps imaginée sur un stage. J’ai laissé le chum, donc le band aussi. Ma mère a accepté que j’installe ma batterie dans le salon de la maison familiale. Comme mes cours à l’université avaient lieu le soir, je pouvais jouer durant la journée pendant qu’elle était au travail.
Mais sans personne avec qui jouer, ma motivation s’est éteinte peu à peu. Oui, j’ai pensé mettre une annonce dans le journal et sur les babillards de l’UQAM (hey, on était en 1985 😉) pour me trouver du monde avec qui jouer, mais mon manque de confiance en moi a eu raison de mes aspirations.
J’ai fini par vendre la batterie.
Le chum est arrivé, puis les enfants… une vie de famille compliquée et trop courte, loin, très loin de ce que j’avais imaginé, suivie d’une vie encore plus compliquée de maman solo de deux beaux garçons en garde partagée.
Comme la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, mon fils aîné a suivi mes traces et joue, lui aussi, de la batterie. Un certain samedi de transfert de garde en 2011, j’ai eu l’opportunité de m’assoir derrière le petit kit Ludwig qu’il venait de recevoir en cadeau de son père. Dès que je me suis remise à tapocher, j’ai compris que la « vibe » était toujours là… mais je n’avais pas les conditions, ni financières, ni logistiques, pour me racheter une batterie, puisque j’habitais maintenant en appartement.
Mon fils m’a régulièrement encouragée à essayer une batterie électronique, mais j’hésitais. Puis, le lendemain du Jour de l’An 2023, je me suis décidée. Je suis allée m’acheter un petit kit Alesis de base. Je me suis assurée, auprès du vendeur, que je pourrais jouer sur des chansons de mon choix, dans mes écouteurs. Je suis rentrée chez-moi, j’ai remplacé mon sapin de Noël par mon nouveau jouet. Quel bonheur ! Jouer sur n’importe quelle toune, aussi longtemps et souvent que je le veux, sans déranger personne ! Et le son est extraordinaire ! J’adore mes petits apéros entre une gorgée de rosé et deux tounes de Led Zep et Pearl Jam.
Ne sous-estimez pas vos passions de jeunesse… Tant que vous pouvez vous le permettre, écoutez ce que vos émotions vous communiquent, branchez-vous sur ce qui vous fait vibrer… donnez-vous la liberté de vous faire plaisir… Si une activité vous allumait et vous faisait vous sentir vivant il y a quarante ans, il y a fort à parier que la « vibe » est toujours là. Essayez-le, donnez-vous une chance, peu importe votre âge.
Moi, je me cherche un band 😊