Jérôme est arrivé dans ma vie au détour d’un séjour dans un chalet de St-Jean Port-Joli. Trois des congénères de Jérôme habitaient dans la cour dudit chalet, et cela a donné une idée à mon amie Val qui m’accompagnait lors de cette fin de semaine d’octobre 2023.
Quelques semaines auparavant, j’avais terminé ma deuxième lecture de "Quelques Adieux" de Marie Laberge. En première partie de ce roman, on suit la double vie de François, un professeur d’université amoureux de sa femme Élisabeth, et épris d’Anne, une de ses étudiantes. En deuxième partie, on apprend le décès prématuré de cet homme, et la déchirante découverte de sa double vie par sa femme alors qu’elle fait le ménage quelques années plus tard dans les boîtes contenant les travaux des étudiants de son mari. Après avoir violemment accusé le choc, elle entreprend des démarches pour retrouver Anne, ce qu’elle réussit éventuellement. Sans l’interpeller, elle observe de loin cette jeune femme au visage triste et au dos courbé. Élisabeth comprend alors qu’elle est celle qui est sortie la moins meurtrie de cette histoire. Elle tourne donc la page de ce triste épisode de sa vie, et retrouve la paix en retournant auprès de Jérôme, son amoureux patient, rassurant et aimant.
J’ai dès lors décidé de nommer Jérôme mon hypothétique futur amoureux.
Il n’en fallait pas plus à Val pour faire l’amalgame et m’offrir ce cadeau, à l’occasion de mes 60 ans.
Il était difficile d’ignorer la tentation de faire un clin d’œil au film « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulin » et le nain de jardin de son père qui voyage autour du monde. Quelques jours après avoir quitté définitivement mon emploi des 40 dernières années avec un sentiment exquis de grande délivrance, j’ai pris la route vers la Gaspésie et ses splendeurs. J’avais besoin de me réconcilier avec elle, après un séjour mitigé en juin 2022. Jérôme était bien emmitouflé dans du papier bulle, dans mon sac à dos.
Réconciliation gaspésienne il y a eu, à mon grand bonheur.
Libre comme l’air, fraîchement retraitée, j’ai roulé en m’arrêtant où, quand, et aussi longtemps que je voulais à tout endroit suscitant mon admiration ou ma curiosité.
Premier arrêt : Rimouski, avec son Bic majestueux et ses sentiers du Littoral, où j’ai pris le temps de marcher et de me poser en humant mes premières bouffées d’air salin.
Mes deux jours suivants à Gaspé m'ont permis de progresser un peu plus vers ma libération... j'y avais en effet quelques « points à régler » avec une relation de longue date. En dehors de cette rencontre, j’y suis allée revisiter des lieux que j’avais trouvés magnifiques deux ans auparavant, mais dans lesquels je n’avais pas pu me déposer comme je l’avais voulu… les plages Haldimand et Penouille, le sentier du Banc à Cap des Rosiers, l’Anse au Griffon, le Cap Bon-Ami. Jérôme en a profité avec moi.
Libérée d’un poids, j’ai quitté Gaspé légère et joyeuse.
Deux ans auparavant, je m’étais limitée à la haute Gaspésie et la péninsule, donc j’étais excitée de passer cette fois par la Baie des Chaleurs. Après un arrêt à Percé pour manger un morceau et admirer le rocher sous sa calotte de brume, j’ai enfilé à Bonaventure pour visiter une amie et collègue de travail aussi retraitée. Deux jours de découverte des recoins cachés de la région en compagnie de mon amie native du coin… qu’elle est belle la rivière Bonaventure et son eau cristalline couleur de jade ! Et que dire du divin homard!
La pluie trop forte m’a volé Carleton sur Mer, que Jérôme et moi avons saluée au passage en filant sur la 132 vers la vallée. Le soleil est réapparu alors que je traversais Causapscal.
Je savais bien qu’en voyageant hors saison, il m’en manquerait des petits bouts. Ste-Luce sur Mer était bien trop tranquille. J’ai quand même marché sur la grève et admiré ses statues et sculptures, et Jérôme s’est fait des amis.
Dernier arrêt : Kamouraska. J’avais cette fois réservé une chambre au Motel Cap Blanc après l’avoir « zieuté » à chaque fois que je passais devant. Quel coup de cœur ! Dès l’accueil par la sympathique et chaleureuse propriétaire, j’étais conquise. Et quand j’ai ouvert la porte de ma chambre et que j’ai aperçu la vue qui s’offrait à moi par la porte patio, je suis immédiatement retournée voir la dame pour réserver une nuit additionnelle.
J’ai donc pu prendre le temps de me déposer et intégrer ce que la dernière semaine m’avait apporté. Je suis allée marcher dans les sentiers de la Sebka, et je me suis promenée dans les rues désertes de Kamouraska et les quelques boutiques ouvertes. Je me suis arrêtée déguster une guédille au homard à la cantine Grand'Ourse… Salut à Marie-Claude qui me l’a servie, et avec laquelle j’ai partagé un sympathique moment d’échange littéraire. Le reste de mon séjour s’est passé dans la lecture et la contemplation des battures et des couchers de soleil, assise à la terrasse privée de ma chambre devant le fleuve.
J’ai fait le reste du retour au beau soleil, avec la délicieuse impression d’avoir suspendu le temps pendant cette dernière semaine… comme si deux mois, et non deux semaines, s’étaient écoulés depuis mon dernier jour au boulot.🥰
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